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Une petite histoire pour passer le temps?
22 octobre 2007

Ces gens là

Une rue. Sur un banc, un clochard. Un habitant qui sera soit sur son pas de porte soit (si possible) à sa fenêtre.

On entend du bruit venant des coulisses, des cris, de la musique...

Au départ, il n’y aura que le clochard sur la fenêtre. Mais le bruit augmente en intensité et tout à coup, une jeune femme sort de chez elle ( fenêtre ou porte) et crie :

La Femme : C’est pas bientôt fini oui ?

Le bruit se calme.

Le clochard : Je suis d’accord avec vous madame !

La femme se rend compte de la présence du clochard qu’elle n’avait d’abord pas vu.

La Femme : Bonjour Monsieur.

Le clochard : Bonjour Madame !

La Femme : Vous êtes d’accord avec quoi ?

Le clochard : Avec le fait que ces touristes sont de plus en plus gênants !

La femme : Vous habites là depuis longtemps ? Enfin, je veux dire…

Le clochard : Oh, ça fait bien une dizaine d’années que je squatte le quartier, c’est un peu comme une maison géante pour moi ; donc oui, ça fait longtemps que j’habite ici. Et croyez moi, je vous comprends quand vous dites que les touristes sont de véritables plaies !

La Femme : et comment ! Lorsqu’ils arrivent dans un lieu qu’ils ne connaissent pas, ils se croient tout permis !

Le clochard : Tout à fait ! Depuis ce matin, c’est bien la douzième voiture qui passe avec le conducteur qui téléphone au volant !

La Femme : Moi je ne téléphone jamais au volant, de toute façon, il ne répond pas. Mais le pire de tout c’est quand il arrive des cars de touristes pleins, et qu’ils viennent se bourrer la gueule dans NOS bars et dégeulasser NOS rues !

Le clochard : Ca c’est vrai ! Mais bon, parfois, y en a qui ont des bonnes raisons de boire !

La femme : Moi je ne bois pas, je mange !

Le clochard : C’est normal, les femmes mangent pour oublier. Oublier que leurs maris boivent. Qu’ils boivent pour oublier. Oublier que leurs femmes sont laides.

La femme : Votre femme est laide ?

Le clochard : Non, moi je bois pour oublier que je bois pour oublier que suis à la rue.

La femme : Vous n’avez pas de travail ?

Le clochard : On dit toujours « quand on veut on peut ». J’ai toujours voulu avoir du travail, mais j’ai dû rester trop longtemps au soleil pour que les patrons me donnent plus d’un rendez vous d’embauche.

La femme : C’est révoltant ! je ne pensais pas que le racisme sévissait si près de nous.

Le clochard : La misère, c’est un crime contre l’humanité qui fait trop de victime.

La femme : Mais il faudrait faire quelque chose !

Le clochard : C’est impossible ma petite dame, c’est un crime où il y a trop de criminel.

La Femme : J’espère quand même que ça changera un jour.

Le clochard : Moi aussi

La Femme : Au fond, c’est débile d’espérer. Il faudrait mieux agir.

Le clochard : Oui, c’est vrai, mais quand on ne peut pas agir, il faut toujours espérer. L’espoir nous fait tenir debout. L’espoir, c’est ce qui restera quand les actes disparaîtront avant que la mort ne gagne.

La Femme : Les gens qui vivent dans des pays en guerre doivent en avoir beaucoup, de l’espoir.

Le clochard : On dit que quelque part loin il y a la guerre, mais la véritable guerre, elle est ici, elle est chaque jour, sans répit, on se bat contre la mort. La véritable guerre c’est celle de tous les jours, que nous impose notre existence.

La Femme : C’est beau ce que vous dites.

Le clochard : Vous dites que c’est beau parce que vous ne l’avez jamais vécu. Vous l’auriez vécu que vous trouveriez ça vrai.

La femme : Ca peut être beau et vrai.

Le clochard : Non ! La vérité n’est ni belle, ni laide. Elle est la vérité. La vie est un combat de chaque instant.

La femme : J’ai entendu une phrase un jour qui disait : « la vie est un combat, accepte le ».

Le clochard : Eh bien, je ne sais pas qui à dit ça, mais c’est quelqu’un de grand qui à dû vivre des sacré galères.

La Femme : Vous avez vécu des sacrées galères vous ?

La clochard : Trop pour pouvoir encore rêver d’un avenir meilleur !

La femme : Mais alors, vous avez perdu l’espoir ?

Le clochard : La haine, la tristesse, la violence et la résignation sont notre quotidien. Qui nous fera rêver ?

La femme : Mais, et cet espoir ? Vous l’avez donc perdu ?

Le clochard : Non. Mais je n’espère pas en moi.

La Femme : En qui alors ?

Le clochard : En vous, en les enfants que je vois passer… j’espère surtout en les enfants. Ils sont notre futur. J’espère qu’ils feront de grandes et belles choses.

La femme : … … … vous avez des enfants ?

Le clochard : Non. Malheureusement. Et vous ?

La femme : Oui. Trois.

Le clochard : Un bon nombre. Je place beaucoup d’espoir en eux.

La femme : Merci.

Le clochard : Bon, j’ai beaucoup parlé, les touristes arrivent, je vais devoir jouer mon petit numéro du mendiant…

La femme : Ca ne vous embête pas de mendier ? Je veux dire…

Le clochard : Oh, vous savez, au bout d’un certain temps, on oublie son orgueil.

La femme : C’est le début de la déchéance ?

Le clochard : Je ne sais pas. Je préfère ne pas savoir. Bon, ce n’est pas que vous m’importunez, mais je préfère ne pas avoir un public ami lorsque je mendie.

La femme : Question d’honneur ?

Le clochard : Vous parlez avec de trop grands mots pour moi. Je vous dis juste que je préfèrerais que vous n’assistiez pas à la scène…

La femme… Très bien. Alors, au revoir monsieur… Monsieur comment, au fait ?

Le clochard : Bah, laissez tombez, mon nom ne vous dira rien, et ne servirai à rien. Les noms ne sont qu’une image, une façade.

La femme : Alors au revoir, mon bon Monsieur.

Le clochard : Au revoir ma petite dame.

La dame rentre chez elle. Le clochard se lève et avisant un groupe de touriste part mendier.

esclavenoir

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